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Suivi biologique du sportif

France | 25 juillet 2018

Par Anne Claire Nonnotte

Nous vous proposons de découvrir le chapitre 7 de l'ouvrage Suivi biologique du sportif Mesures biologiques, pathologies, passeport biologique de l’athlète, génomique(S’ouvre dans une nouvelle fenêtre) de Gérard Dine et Patrick Laure.

Suivi biologique du sportif

POINTS FORTS

Ce chapitre propose des paramètres à utiliser dans le cadre du suivi biologique d’un sportif, en fonction de son type de pratique (haut niveau, confirmé, loisir, senior). Rappelons qu’il n’existe pas de suivi standardisé et applicable in extenso à l’ensemble des sportifs. Enfin, l’interprétation des résultats doit tenir compte des données de l’examen clinique et de la pratique sportive (moment dans le cycle d’entraînement, etc.).

Généralités

L’objectif principal d’un suivi biologique est la préservation de la santé du sportif, démarche qui ne saurait se limiter aux seuls résultats d’un examen biologique. L’examen clinique, la prise en compte des motivations du sujet, de ses objectifs, de ses conditions d’entraînements, de ses progrès en matière de performance, de ses relations avec son entourage, de son milieu professionnel (s’il est pratiquant amateur), etc., sont autant de paramètres indispensables pour évaluer l’état de santé d’un sportif. Rappelons en effet que la santé est une ressource de la vie quotidienne, un concept positif mettant l’accent sur les ressources sociales, personnelles et sur les capacités physiques, et pas seulement l’absence de maladie au profit des performances sportives.

De plus, il n’existe pas de suivi standardisé et applicable in extenso à l’ensemble des sportifs. Les paramètres dosés dépendent en particulier :

  • de la finalité du suivi entrepris (prévention de la consommation de produits, suivi d’entraînement, recherche d’une pathologie) ;

  • des données de l’examen clinique ;

  • du type de pratique du sportif (compétition, loisir) ;

  • de son niveau (engagé au plan international, national ou autre) ;

  • de sa discipline ;

  • de l’existence ou non d’une réglementation spécifique au suivi médical et biologique ;

  • de ses conditions d’entraînement (volume, intensité) ;

  • de son âge ;

  • de son sexe.

Enfin, tout examen biologique a un coût qui, selon la nature et le nombre de paramètres à mesurer, peut rapidement atteindre des sommes non négligeables. En outre, les organismes sociaux n’ont, pour l’heure, pas vocation à prendre en charge ce type d’examens, en dehors d’un contexte pathologique.

Les quelques protocoles proposés par la suite requièrent donc une adaptation à chaque cas particulier.

Sportif de haut niveau

Définition

Par sportif de haut niveau, on entend un sujet engagé dans des compétitions de niveau au moins national ou, en France, une personne inscrite sur la liste des sportifs de haut niveau établie par le ministre chargé des sports. Son statut (amateur ou professionnel) n’intervient pas dans cette définition.

Sauf exception, son volume d’entraînement est largement supérieur à 15 heures par semaine, à raison d’une ou deux (voire plus) séances quotidiennes. Par exemple, un cycliste professionnel parcourt, en moyenne, 30 000 à 40 000 km par an1.

1. Le cycliste britanique Tommy Gowin (1912-1975) a parcouru 120 805 km en 1939. Son record n’a jamais été égalé.

Suivi médical général

Les personnes inscrites sur la liste des sportifs de haut niveau mentionnée à l’article L.221-2 du Code du Sport bénéficient d’une surveillance médicale particulière, organisée par les fédérations sportives (article L.231-6 du Code du Sport). La nature et la périodicité des examens auxquels ils sont soumis sont fixées par un arrêté du ministre chargé des sports.

Dans les deux mois qui suivent la première inscription sur la liste des sportifs de haut niveau et annuellement pour les inscriptions suivantes, les sportifs de haut niveau doivent se soumettre à (article A.231-3 du Code du Sport) :

  • un examen médical réalisé par un médecin du sport, comprenant :

    • un examen clinique avec interrogatoire et un examen physique selon les recommandations de la Société française de médecine de l’exercice et du sport,

    • un bilan diététique et des conseils nutritionnels,

    • un bilan psychologique visant à dépister des difficultés psychopathologiques pouvant être liées à la pratique sportive intensive,

    • la recherche indirecte d’un état de surentraînement via un questionnaire élaboré selon les recommandations de la Société française de médecine de l’exercice et du sport ;

  • un électrocardiogramme de repos.

Quant au contenu et à la mise en œuvre de la surveillance médicale des sportifs Espoirs et des sportifs des collectifs nationaux, ils doivent tenir compte (article A.231-4 du Code du Sport) :

  • de l’âge du sportif ;

  • de la charge d’entraînement du sportif ;

  • des contraintes physiques spécifiques de la discipline sportive ;

  • de la morbidité et des risques inhérents à la pratique de la discipline sportive.

Examen biologique général

Ce paragraphe constitue une simple recommandation des paramètres biologiques à doser chez un sportif de haut niveau

Partie commune NFS, plaquettes , réticulocytes , glycémie, cholestérol , triglycérides (une fois par an), TGO, TGP, gamma-GT, LDH , bilirubine , ionogramme, phosphatases alcalines , calcium , magnésium et magnésium globulaire, créatinine (une fois par an), ferritine , urée , acide urique , haptoglobine , CRP , CK , phosphore , protides totaux.

En fonction des données de l’examen clinique et des premiers résultats biologiques peuvent s’ajouter : orosomucoïde , vitamine B12 , vitamine B9 globulaire et plasmatique.

Partie spécifique aux pratiquants d’une discipline « aérobie »

Récepteur soluble de la transferrine , EPO , testostérone , cortisol , LH , TSH -us, parathormone.

Partie spécifique aux pratiquants d’une discipline « anaérobie »

Testostérone, cortisol , DHEA , parathormone , LH , androsténédione, prolactine , TSH -us, ostéocalcine, IGF-1.

Les dosages de calcium ionisé, de MHC , de troponine I, de cuivre et de zinc sont à prévoir pour le suivi de la performance selon les données des examens cliniques et biologiques et les circonstances sportives (échéances compétitives, etc.).

Cas particuliers

Discipline aérobie de longue durée

Il convient d’apprécier :

  • la tolérance mécanique musculaire, avec des marqueurs comme : CK , aldolase , myoglobine , MHC , troponine I ;

  • la tolérance à la fatigue « métabolique », avec un dosage de l’urée , de l’acide urique et de l’ammoniaque.

Natation

Outre la surveillance clinique du rapport masse grasse/masse maigre, d’autres paramètres sont utiles, comme la glycémie, le cholestérol , les triglycérides et les protides totaux.

Discipline exposée à des fluctuations thermiques

Pour évaluer les conséquences des changements de la température extérieure sur l’organisme, on peut recourir :

  • aux paramètres métaboliques : glycémie, cholestérol , triglycérides , protides totaux ;

  • à la recherche des signes d’hémoconcentration : hémogramme avec hématocrite , éventuellement équilibre acido-basique ;

  • à l’état du fonctionnement thyroïdien par la TSH .

Sportif confirmé

Définition

Par sportif confirmé, on entend un sujet engagé dans des compétitions de niveau au plus national et qui ne correspond pas aux critères du sportif de haut niveau. Il s’agit, dans la grande majorité des cas, du moins en Europe, de sportifs amateurs ou semi-professionnels.

Son volume d’entraînement est volontiers compris entre cinq et quinze heures par semaine, à raison de deux ou trois (parfois plus) séances hebdomadaires (très variable selon la discipline).

Examen biologique

La mise en route d’un suivi biologique n’est pas nécessaire pour l’ensemble des sportifs confirmés. Sa réalisation dépend à la fois du type de pratique (en volume et en intensité), des objectifs en termes de compétition et de la condition physique générale du sujet. De plus, l’interprétation des résultats doit tenir compte non seulement des données de l’examen clinique et de la pratique sportive, mais aussi des répercussions potentielles de l’exercice professionnel de la personne (par exemple : degré de fatigue, d’anxiété, etc.).

Peuvent être dosés, dans ce contexte :

  • régulièrement : NFS, plaquettes , réticulocytes , glycémie, cholestérol , ASAT , ALAT , gamma-GT, LDH , CK , bilirubine , ionogramme (Na, K, Cl), calcium , phosphore , ferritine , urée , acide urique , haptoglobine ;

  • une fois dans l’année : triglycérides , magnésium intraérythrocytaire et plasmatique ;

  • en fonction des données cliniques et des premiers résultats biologiques : bilan hormonal, vitamine B9 globulaire et plasmatique.

Sportif de loisir

Définition

Par sportif de loisir, on entend un sujet qui ne s’adonne pas, ou peu, à la compétition. Dans le cas où il en pratique, ces rencontres sont essentiellement amicales. On pourrait aussi ranger dans cette catégorie toute personne qui va régulièrement courir, nager ou faire du vélo dans le seul but de rester en forme, sans pour autant être licenciée dans un club ou une association sportive.

Son volume de pratique moyen est volontiers inférieur à cinq heures par semaine, à raison d’une ou deux séances hebdomadaires. Mais certains sujets, en particulier les adeptes de disciplines de fond, peuvent atteindre 10 heures ou plus de pratique par semaine, à raison d’une séance par jour en moyenne.

Examen biologique

La majorité des sportifs de loisir ne nécessite aucun suivi biologique, en particulier les enfants et les adolescents.

Toutefois, dans certains cas il est utile d’évaluer :

  • les répercussions négatives sur l’organisme (en fonction de la discipline, du volume et de l’intensité de la pratique, de la condition physique générale) ;

  • les bienfaits de la pratique en termes de santé (fonction du degré de sédentarité initial, des antécédents médico-chirurgicaux et des paramètres précédents).

Comme pour le sportif confirmé, l’interprétation des résultats doit tenir compte de l’activité professionnelle de la personne.

Peuvent être dosés dans ce cadre :

  • régulièrement : NFS, plaquettes, réticulocytes, glycémie, cholestérol, ASAT, ALAT, gamma-GT, LDH, bilirubine, ionogramme, calcium, magnésium intraérythrocytaire et plasmatique, ferritine, acide urique, urée, CK ;

  • une fois dans l’année : triglycérides , créatinine , apolipoprotéine A1, apolipoprotéine B.

Sportif senior

Définition

On entend par sportif senior un pratiquant âgé de 60 ans ou plus. Ce concept ne recouvre pas celui de vétéran qui, dans certaines disciplines, débute dès l’âge de 35 ans.

Globalement, on décrit deux types de pratiques chez les seniors :

  • ceux qui ont toujours eu une activité physique et sportive et qui la poursuivent ;

  • ceux qui n’en ont jamais eu (ou seulement dans leurs jeunes années) et qui débutent.

Si les premiers sont, potentiellement, en meilleure condition physique et plus expérimentés en termes de connaissance de leur activité, tous peuvent présenter des altérations des paramètres biologiques habituels, dont il faudra tenir compte lors d’un bilan. Ces modifications sont liées aux effets du vieillissement physiologique sur les individus (voir encadré 7.1 ) et aux éventuelles pathologies chroniques dont ils peuvent être atteints.

Encadré 7.1

Modifications des paramètres biologiques liées au vieillissement

  • Acide folique diminué.

  • Acide urique augmenté.

  • Albumine plasmatique légèrement diminuée.

  • Amylase inchangée.

  • ASAT et alAT inchangées.

  • Bicarbonate inchangé.

  • Bilirubine totale inchangée

  • Calcium ionisé légèrement augmenté.

  • Calcium total inchangé.

  • Chlore inchangé.

  • Cholestérol augmenté.

  • CK légèrement diminués.

  • Créatinine augmentée.

  • DHEA diminuée.

  • Ferritine légèrement augmentée.

  • Gamma-GT augmentée.

  • Glycémie augmentée.

  • Hématies (femmes) inchangées.

  • Hématies (hommes) légèrement diminuées.

  • Hématocrite inchangé.

  • Hémoglobine inchangée.

  • Hormone de croissance diminuée.

  • IGF-1 diminuée.

  • LDH inchangée.

  • Leucocytes inchangés.

  • Magnésium inchangé.

  • Orosomucoïde légèrement augmentée.

  • Ostéocalcine (femmes) augmentée.

  • Ostéocalcine (hommes) inchangée.

  • Phosphatase alcaline augmentée.

  • Phosphates (femmes) augmentés.

  • Phosphates (homme) diminués.  Plaquettes inchangées.

  • Potassium augmenté.

  • Protides totaux légèrement augmentés.

  • Sodium inchangé.

  • T3 libre diminuée.

  • T4 libre diminuée.

  • Testostérone diminuée.

  • Triglycérides légèrement augmentés.

  • TSH augmentée.

  • Urée augmentée.

  • VGM légèrement augmenté.

  • Vitamine B12 augmentée.

  • Vitamine B6 diminuée.

  • Vitamine D inchangée.

Examen biologique

La grande majorité des seniors pratiquant une ou des activités physiques ou sportives ne nécessite aucun suivi biologique. L’intérêt d’un tel examen pourrait être :

  • de détecter, à l’occasion d’une consultation de non-contre-indication à la pratique sportive, une pathologie passée inaperçue chez des sujets qui fréquenteraient peu ou pas le corps médical ;

  • d’établir les effets bénéfiques d’une activité physique régulière et prolongée sur la condition physique. Cela pourrait constituer un élément de motivation supplémentaire pour inscrire une personne dans une activité régulière et surtout durable.

En pratique, l’interprétation des résultats d’un bilan biologique chez un senior sportif doit tenir compte à la fois de ce qui a été évoqué précédemment et des particularités des répercussions de l’activité physique chez le sujet âgé. Par exemple, il semblerait que la testostéronémie varie peu dans cette population (contrairement aux sujets jeunes), alors que les taux d’hormone de croissance et d’IGF-1 augmentent à l’exercice.

On pourrait proposer :

  • régulièrement : NFS, VS , plaquettes , réticulocytes , vitamine B12 , glycémie, cholestérol , ASAT , ALAT , gamma-GT, LDH, bilirubine , ionogramme, phosphatases alcalines , calcium , magnésium intraérythrocytaire et plasmatique, ferritine , urée , acide urique , CRP, CK, DHEA , androstènedione, TSH -us ;

  • uune fois dans l’année : triglycérides , créatinine ;

  • en fonction des premiers résultats biologiques : vitamine B9 globulaire et plasmatique, homocystéine et NT-proBNP.

© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Les Auteurs

P. Laure Médecin de santé publique et médecin du sport. A notamment publié Le dopage (PUF, 1995), Dopage et Société (Ellipses, 2000) et Activités physiques et santé (Ellipses, 2007).

G. Dine Médecin biologiste des hôpitaux, directeur du département d’hématologie biologique et clinique, Hôpital des Hauts Clos de Troyes (de 1993 à 2016), professeur associé en biotechnologies à l’École Centrale de Paris.

Vous venez de consultez un extrait de la deuxième édition de l’ouvrage Suivi Biologique du sportif(S’ouvre dans une nouvelle fenêtre)

Suivi biologique du sportif Mesures biologiques, pathologies, passeport biologique de l’athlète, génomique Gérard Dine et Patrick Laure ISBN 9782294760419 2018

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